Le 28/12/10
Puerto Madryn
Cette fois, c'est la bonne! Après deux longues semaines d'immobilité forcée (merci le système bancaire argentin), nous parvenons enfin à retirer la somme requise pour quitter notre auberge. Nous voici donc sur la « rota très », qui parcourt tout le pays du nord au sud, en quête d'une âme charitable qui accepterait de nous prendre en stop jusqu'à la terre promise: Ushuaia.
Petit résumé de notre périple :
Le 29/12/10
Nous avons de la chance, un camion s'arrête après une dizaine de minutes seulement. Nos soixante-dix premiers kilomètres se passent sans histoires. Arrivés à Trevlew, nous grimpons sans peine dans un autre camion : un homme d'une cinquantaine d'années nous offre le maté et des croissants, nous fait la conversation inlassablement, et nous pose finalement quatre-cent kilomètres plus loin à Comodoro Rivadavia, et en plein milieu de la nuit, nous laissant un charmant souvenir.
Le 30/12/10
Une (très) petite nuit d'hôtel plus tard, nous voici repartis sur le chemin, et un camionneur nous embarque encore une fois très facilement, jusqu'à Rio Grande. Très peu de sommeil, beaucoup de maté, quelques feuilles de coca, deux frontières, de nombreux contrôles de police et une traversée en bateau (où nous avons eu la chance d'apercevoir de beaux dauphins)... plus tard, nous sommes arrivés à 200 kms d'Ushuaia.
Et c'est là que les choses se compliquent...
Explications: nous sommes le 31 décembre, on a faim, on n'a pas dormi depuis une éternité, on est censés faire la fête à Ushuaia le soir même, il pleut, et il est 14h00... Re-tentative de faire du stop : échec cuisant ! Évidemment, aucune place libre dans les bus un 31 décembre... Faute d'autres options, nous accueillerons 2011 à Rio Grande. Nous atterrissons donc dans une charmante petite auberge de jeunesse et faisons un somme bien mérité jusqu'à vingt heures. Le réveil sonne et là, cela devient presque drôle.
Un peu plus en forme, on met le nez dehors en quête d'un petit resto où passer un réveillon sympathique.
Sympathique n'est pas tout à fait le bon terme pour désigner ce que nous avons vu... Un froid de gueux, des rues sordides et désertes, des ruines, des graffitis, les chiens hurlants mais pas un chat, un unique commerce ouvert: un petit bar miteux. Chouette, cela fera l'affaire ! Si seulement... les deux seuls clients étaient deux poivrots en pleine bagarre. Sheitan en pire ! À ce moment là, on n'a pas trouvé mieux que de se regarder et de rire. À ce stade, plus le choix... !! Nous efforçant de rester positifs, on parvient à trouver une petite épicerie où nous achetons un paquet de pâtes et une petite bouteille, histoire de se nourrir quand même... Résignés , nous rentrons à notre auberge.
Et comme on est quand même les voyageurs les plus chanceux du monde, le gérant de l'hôtel nous tape sur l'épaule et nous invite à ses côtés. Une grande tablée de voyageurs de toutes parts sur laquelle trônent des dizaines de plats typiques argentins tous meilleurs les uns que les autres. Nous avons passé une soirée mémorable à rire, boire, discuter et nous avons même dansé en boite de nuit avec nos nouveaux amis! Inespéré, mais excellente soirée !
Remis de notre 31 atypique en Terre de Feu, nous repartons (encore) vers Ushuaia. Trois chauffeurs et de magnifiques paysages plus tard, on entrevoit au loin les montagnes du bout du monde et on sourit.
Paysages enchanteurs, lumière magique, soleil qui se couche entre la montagne et la mer : Ushuaia est incroyable. Toutes les difficultés accumulées pour y parvenir en valent vraiment la peine. Nous irons demain camper dans le parc national pour quelques jours...
Une très belle année à tous du bout du monde. Que tous vos rêves se réalisent, comme nous réalisons le nôtre aujourd'hui.